
France et Italie : des sociétés sans enfants ?
Le débat à l'heure actuelle : qu'en est-il ?
La question de la dénatalité se pose avec une acuité croissante en France, en Italie et dans de nombreux pays européens. En 2023, la France a vu son nombre de naissances passer sous la barre des 700 000, un chiffre historiquement bas. Pendant ce temps, l'Italie et la Russie subissent un effondrement démographique encore plus prononcé. Si la baisse de la natalité inquiète en France, elle semble avoir atteint un seuil critique dans ces deux pays. Alors qu’ils explorent diverses stratégies pour tenter de redresser la situation, les conséquences du déclin démographique sur les sociétés et les économies européennes sont de plus en plus visibles.

La dénatalité en France : un tournant inquiétant
En 2023, la France a enregistré 678 000 naissances, soit une baisse de 6,6% par rapport à 2022. C’est la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale que le nombre de naissances passe sous les 700 000. Ce chiffre fait écho à une tendance plus large, amorcée depuis 2010, où la natalité a chuté de 20%. Malgré un taux de fécondité relativement plus élevé que la moyenne européenne, à 1,68 enfant par femme, la situation demeure préoccupante. Le pays, autrefois perçu comme un modèle en matière de politique familiale, se trouve face à des défis de plus en plus complexes : une diminution de la natalité couplée au vieillissement de la population.
Les causes de cette dénatalité sont multiples. Le coût de la vie, l'incertitude économique et l'instabilité professionnelle sont des facteurs majeurs qui poussent de nombreux jeunes à reporter ou abandonner leurs projets parentaux. De plus, l'inquiétude face aux enjeux environnementaux et géopolitiques, ainsi que la quête de stabilité personnelle et professionnelle, nourrissent un climat de doute quant à l'avenir. En réponse, des mesures ont été mises en place, comme l’amélioration des congés parentaux et des aides à la garde d’enfants, mais leurs effets restent limités face à des problématiques plus structurelles.
L'Italie : un effondrement démographique annoncé
L'Italie, l'un des pays européens les plus touchés par la dénatalité, connaît une situation particulièrement grave. En 2023, seulement 379 000 enfants sont nés, le plus bas historique depuis des décennies. Le taux de fécondité du pays, à 1,2 enfant par femme, est l’un des plus bas au monde. Si la tendance se poursuit, la population italienne pourrait diminuer de 5 millions de personnes d’ici 2050, et de 11 millions d’ici 2070. Le pays est déjà confronté à un vieillissement accéléré de sa population, avec près d'un quart des habitants âgés de 65 ans et plus.
Les raisons de ce déclin sont similaires à celles observées en France : une crise économique persistante, un marché du travail instable, la précarité professionnelle des jeunes adultes et l'absence de politiques d'accompagnement suffisantes pour les familles. De plus, le retard dans la mise en place de mesures favorisant l’égalité entre hommes et femmes et l’intégration des femmes dans le marché du travail aggrave la situation. Les jeunes, confrontés à une insécurité sociale et professionnelle, choisissent souvent de reporter ou de renoncer à fonder une famille. Même dans les régions les plus touchées, comme la Sardaigne, les taux de fécondité sont dramatiquement bas, à 0,9 enfant par femme.
Les tentatives pour inverser cette tendance, telles que l'allocation familiale universelle, n’ont pas eu l’effet escompté. Les démographes insistent sur la nécessité d’un investissement massif dans l’accueil de la petite enfance, ainsi que dans l’autonomisation des femmes sur le marché du travail, mais ces réformes tardent à produire des résultats concrets.
Un effet domino sur l'économie et le modèle social
Le vieillissement rapide des populations en France et en Italie met à mal les modèles sociaux et économiques. En Italie, un travailleur devra bientôt financer les pensions d'un seul retraité, un défi majeur pour le système de sécurité sociale. En France, bien que la situation soit moins critique pour l’instant, le vieillissement de la population reste une préoccupation de taille. Le nombre de retraités augmentant, la pression sur les cotisations sociales s'intensifie, menaçant la pérennité du système.
De plus, l'Italie, comme la France, fait face à une pénurie de main-d'œuvre, en particulier dans les secteurs du soin et des services à la personne, où l’immigration, bien qu’essentielle, peine à compenser le déficit démographique. La dépendance croissante à l'immigration pour soutenir l'économie et maintenir le niveau de natalité soulève des enjeux complexes d’intégration et de cohésion sociale.
Une situation européenne préoccupante
Au niveau européen, la situation démographique est globalement préoccupante. L’Union européenne a enregistré 3,9 millions de naissances en 2022, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes. Si la France figure parmi les pays ayant un taux de natalité relativement élevé, avec 9,9 naissances pour 1 000 habitants en 2023, de nombreux pays du Sud de l’Europe, comme l’Italie, l’Espagne et la Grèce, sont confrontés à des taux de natalité particulièrement bas. L'Allemagne, bien que légèrement plus stable, enregistre aussi un déclin démographique, bien que l'immigration ait permis de maintenir une certaine stabilité.
La dénatalité constitue ainsi un défi majeur pour l'Union européenne, qui doit trouver des solutions pour garantir le renouvellement de ses générations et maintenir l'équilibre de ses systèmes sociaux. Des réformes structurelles sont nécessaires pour encourager la natalité, améliorer l'intégration des femmes sur le marché du travail, et favoriser une meilleure qualité de vie pour les familles.
Le débat autour de la dénatalité en France et en Italie est loin d'être clos, et les solutions mises en place peinent à inverser la tendance. Si la France bénéficie encore de certains atouts démographiques, l'Italie est confrontée à un effondrement démographique profond, avec des conséquences graves sur son économie et son modèle social. À l’échelle européenne, la situation est similaire dans de nombreux pays, et la dénatalité, couplée au vieillissement de la population, pose un défi économique et social majeur. Pour l’avenir, il est crucial que des réformes structurelles ambitieuses soient mises en place pour freiner ce déclin démographique, tout en favorisant une plus grande égalité entre les sexes et un soutien renforcé aux familles.